Encore une fois une bombe a explosé à Vientiane faisant 20 blessés, de nationalité laotienne pour la plupart et deux Thailandais, dont trois sont gravement atteints. Cette quatrième explosion en espace de deux mois a eu lieu vers 16.00h (heure locale) le dimanche 28 mai 2000 dans le marché du matin (Talat Sao) en plein centre de la capitale détruisant une boutique au premier étage de l'immeuble qui abrite plusieurs bijouteries (boutiques de l'or, selon l'appellation locale).

"L'engin a été placé sous un banc. Heureusement il n'y a pas eu de mort. C'est un miracle!" a déclaré un témoin qui n'a pas révèlé son nom.

"La bombe à retardement est de fabrication artisanale du même type que celle qui a explosé le 4 mai dernier devant l'hôtel Lane Xang", a affirmé de son côté le correspondant de RFI (section lao) à Bangkok, Songrit Phon-Ngern, citant une source sûre à Vientiane.

A noter également que l'explosion s'est produite au dernier jour de la visite officielle de trois jours du Premier ministre thailandais, M. Chuan Leekpai, qui venait de quitter Vientiane pour la province de Sayaboury, dernière étape de sa visite .

Cette coïncidence n'est pas un hasard selon les diplomates étrangers en poste dans la capitale laotienne affirmant que l'attentat était un acte des éléments armés anti-gouvernementaux qui avaient pour objectif de perturber la visite de M. Chuan, de faire échec à l'année du tourisme national et de déstabiliser la situation du pays.

Contactée par téléphone, l'ambassade du Laos à Paris n'a pas eu de réaction immédiate à propos de cette explosion. "Nous n'avons reçu aucune information de la part de notre gouvernement à Vientiane concernant cet incident", a déclaré au journaliste de Radio France Internationale (section lao) M. Ya Séng, attaché de presse de l'ambassade. Se montrant très accueillant et coopératif il a demandé au journaliste : "Voulez vous bien nous rappeler plus tard? Nous vous tiendrons au courant si nous aurons reçu des consignes de la part de notre gouvernement".

De son côté, M. Dorn Somvorajit, porte-parole du Ministère des A.E. à Vientiane, n'était pas disponible pour des commentaires .

Par contre, l'agence de presse officielle lao, KPL, a publié lundi (29 mai 2000) une information sur cette incident affirmant qu'il y avait un certain nombre de blessés et quelques petits dégats matériels. En outre, KPL a accusé "les gens de mauvaise foi", terme officiel qui désigne les opposants au régime communiste de Vientiane, d'être responsables du dernier attentat à la bombe. "Leur but est de créer une situation d'instabilité dans la capitale", a affirmé KPL avant d'ajouter: "Le peuple lao tout entier a éprouvé une rancune pour le (les) poseur(s) de bombe".

L'agence de presse officielle lao a également donné consigne aux chefs de village d'être plus vigilants en multipliant les patrouilles dans leurs quartiers et de coopérer avec les autorités afin d'arrêter et de punir très rapidement  "les malfaiteurs".

C'est la première fois que KPL a réagi de façon très rapide depuis la première explosion dans le restaurant "Khobchaideu" le 30 mars dernier.

Il est à noter que la troisième explosion dans la capitale laotienne le 4 mai dernier devant l'hôtel Lane Xang s'est produite juste après que le Laos et la Thailande venait de terminer dans le même hôtel une réunion annuelle au niveau ministériel de la commission mixte lao-thai pendant laquelle le ministre laotien des A.E., M. Somsavath Léngsavath, a demandé à son homologue thailandais, M. Surin Phitsuwan, que la Thailande n'autorise pas "les gens de mauvaise foi" à utiliser le sol thailandais comme base arrière pour monter des opérations militaires contre le gouvernement lao.

M. Surin a de son côté réitéré une fois de plus que son pays n'a jamais accordé l'utilisation de son sol à qui que ce soit pour mener des activités subversives contre les pays voisins de la Thailande.

Par ailleurs, un accord de principe de coopération en matière de sécurité entre les deux pays a été signé à Bangkok le 22 mai dernier par le général Choummaly Sayasone, ministre laotien de la défense et M. Chuan Leekpai, Premier ministre et ministre thailandais de la défense.

Cet accord est intervenu au moment où les Hmong ont multiplié leur collaboration avec les rebels birmans de l'ethnie Wa dans le traffic de drogue dans la fameuse région du Triangle d'Or où se rencontrent les frontières des trois pays: la Birmanie, le Laos et la Thailande.

Selon les sources crédibles, ces Hmong ont établi des contacts permanents avec leurs compatriotes dans la province de Xiengkhouang et dans la région d'administration spéciale Saysomboune où les affrontements armés se sont amplifiés entre les rebels et les forces gouvernementales depuis le début de l'année.

La quatrième explosion dans le marché du matin dimanche dernier a eu lieu juste après que le Premier ministre thailandais venait de terminer sa visite dans la capitale pendant laquelle le problème de sécurité le long de la frontière entre les deux pays a été évoqué.

Selon les sources diplomatiques à Vientiane, les deux dernières explosions constituent un défi à un accord lao-thai en matière de sécurité.

Par suite des explosions qui ont eu lieu à Vientiane ces derniers jours, les ambassade des Etats Unis et de l'Australie ont lancé un nouveau appel dans leurs communiqués datés du 11 mai à leurs ressortissants travaillant ou voyageant au Laos d'être plus vigilants en évitant les endroits affluents dans la capitale laotienne.

C'est la deuxième fois que les deux ambassades ont lancé un appel de ce genre à la direction de leurs ressortissants. Leur premier appel était lancé le 23 Février dernier après que l'armée Chao Fah , constituée par les Hmong et soutenue par la communauté lao aux Etats Unis, ait multiplié les attaques contre les positions gouvernementales dans la province de Xiengkhouang et dans la région d'administration spéciale Saysomboun.

                          Des explosions en série dans la capitale laotienne: (Chronologie)

Voici la chronologie des quatre explosions en série à Vientiane, ce qui fait que la capitale laotienne ait connu un attentat à la bombe toutes les deux semaines depuis le 30 mars dernier:

                                                                                                          D.T.

                                                                                                          Paris le 29 mai 2000